Les 130 ans de la naissance du Général, les 80 ans de l’appel du 18 juin et les 50 ans de sa disparition … 2020 est à triple titre « l’année De Gaulle » que la région Hauts-de-France célèbre avec une fierté toute particulière : Charles de Gaulle est né ici ! Marcher dans les pas de l’enfant du pays c’est entrouvrir l’intime de l’homme et comprendre le personnage d’envergure internationale que l’on sait.
De Lille à Montcornet, d’Arras à Malo : itinéraires choisis.
Charles de Gaulle par Mister P.
Itinéraires en Hauts-de-France pour comprendre Charles de Gaulle, l’homme qui incarne « une certaine idée de la France »
À Lille « L’esprit des lieux » a forgé l’homme du 18 juin
« La rue Princesse fut le creuset où se forgèrent la pensée et l’éthique d’un homme qui incarne la France dans ce qu’elle a de meilleur et de plus haut »
Charles de Gaulle est né ici le 22 novembre 1890, chez ses grands-parents maternels, Jules Emile et Julia Maillot au numéro 9, rue Princesse. Cette maison natale est le seul endroit du monde où Charles de Gaulle aurait recouvré le droit d’être lui-même, ainsi qu’il le confesse à la fin de sa vie, sous le lourd decorum de l’Elysée au journaliste André Frossard qui l’interroge : « Avec l’âge, ce sont les souvenirs d’enfance qui prédominent et cet endroit est la rue Princesse, à Lille, où je suis né. Mais je sais que je n’y retournerai jamais. ». Peut-on parler d’esprit des lieux ? Aujourd’hui, Charles de Gaulle semble toujours présent dans sa maison natale, devenue beaucoup plus qu’un musée. Ce lieu de mémoire fut le creuset où se forgèrent la pensée et l’éthique d’un homme qui incarne la France dans ce qu’elle a de meilleur et de plus haut.Depuis 2014, le Département du Nord gère et administre la Maison natale Charles-de-Gaulle, classée Monument Historique, labellisée Maison des Illustres et propriété de la Fondation Charles de Gaulle depuis 1991. La maison de la rue Princesse rouvrira ses portes pour célébrer le 130ème anniversaire de la naissance du général le 22 novembre 2020, mais également les 50 ans de sa mort le 9 novembre et les 80 ans de l’appel du 18 juin. Des teintes des papiers peint jusqu’aux ondulations des parquets, l’idée est de retrouver au plus près la maison telle que l’a connue Charles de Gaulle enfant, avec sa cuisine, son cabinet de toilette, sa lingerie, son jardin d’hiver. Même la table de la salle à manger est celle, authentique, autour de laquelle la famille a pris si souvent place.
Avec trois frères et une sœur, une dizaine d’oncles et de tantes, une douzaine de cousins, Charles de Gaulle appartient, du côté maternel, à ces grandes familles bourgeoises du Nord. Jules le grand père a installé rue Princesse la première fabrique de tulle de Lille. Le travail, la foi, l’amour de la patrie sont des valeurs essentielles. Charles est baptisé le jour-même de sa naissance à l’église Saint-André, en bordure de la rue Royale.
Jeanne et Henri, ses parents, habitent Paris mais reviennent souvent dans le Nord. Charles de Gaulle se définit d’ailleurs comme un « petit Lillois de Paris ».Lors des vacances, à Pâques, à Saint-Nicolas ou à Noël, lors de la foire aux manèges ou de la braderie, toute la famille se réunit dans la maison de la rue Princesse. Grand-mère Julia a aménagé une salle spéciale pour les enfants : le « hurloir ». Charles a du caractère. Lors des interminables parties de soldats de plomb dans la véranda, les frères et cousins de Charles n’ont pas le choix. Le chef des armées françaises, c’est lui et personne d’autre. L’espace de quelques mois, pour éviter la scarlatine de ses frères, il est scolarisé à Lille, école Notre-Dame de la Sagesse, place aux Bleuets. Sa marraine Lucie Droulers habite au 33, rue de Metz. A l’époque, la maison communiquait avec celle de la rue Princesse par le jardin.
L’Esplanade du Champ-de-Mars qui enserre la citadelle Vauban n’est pas loin : chaque année, s’y dresse la foire aux manèges. Après la « ducasse », le jeune Charles gardait quelques francs pour se rendre à deux pas de la Grand Place qui porte aujourd’hui son nom pour acheter une gaufre chez Meert.
Au 27, rue Esquermoise, on est pâtissier depuis 1761 !
Lille... « la madeleine de Proust » du Général. Une mémoire, aujourd’hui, qui se prolonge jusqu’au jardin Vauban avec le Mémorial Charles De Gaulle. Non figurative, l’œuvre est du sculpteur nordiste Eugène Dodeigne. La puissance et la force de conviction d’un homme du Nord s’incarnent dans une pierre locale, la pierre bleue de Soignies.
D’Arras à Abbeville, génèse de l’homme d’arme visionnaire
« Il aime ces mineurs râblés, ces paysans patients, ces hommes qui se livrent difficilement mais se donnent tout d’une pièce, et pour toujours. C’est l’esprit du « Nord ». Lucien Nachin
Toute sa vie, Charles de Gaulle resta attaché aux terres septentrionales et aux valeurs de sa région. Lors de l’année scolaire 1907-1908, il poursuit ses études chez les Jésuites, collège du Sacré-Cœur au château d’Antoing en Belgique, près de Tournai. A deux reprises, pendant son service militaire comme élève-officier, puis au sortir de Saint-Cyr, il choisit le 33eme régiment d’infanterie d’Arras. Charles de Gaulle aime les soldats du Nord. L’un de ces amis d’enfance Lucien Nachin écrit : « Il aime ces mineurs râblés, ces paysans patients, ces hommes au langage rude, au patois imagé, qui se livrent difficilement mais se donnent tout d’une pièce, et pour toujours, au chef qui les a conquis. » C’est aux côtés de ces mêmes mineurs que le Général de Gaulle lança en 1945 « La bataille du charbon » qui permit de reconstruire le pays. Le 25 septembre 1959 à Haillicourt à la fosse 6 des mines de Bruay, les images de sa descente au fond, casque sur le front, appartiennent à l’Histoire.Durant ses années militaires à Arras, le sous-lieutenant Charles de Gaulle demeure au 16, rue du 29 juillet. La vie s’organise entre la caserne Schramm et la caserne Levis.
Durant la Grande Guerre, le lieutenant de Gaulle reçoit le baptême du feu à Dinant, en Belgique. Sur le pont qui enjambe la Meuse, une plaque rappelle sa bravoure : « Ici le lieutenant Charles de Gaulle fut blessé le 15 aout 1914 à l'aube d'une vie tout entière consacrée à la défense de l'homme et de ses libertés. » A quelques mètres de la maison où il se réfugia, le genou fracassé par un tir allemand, se dresse une statue à son effigie, haute de 2,50 m. Nommé capitaine, De Gaulle sera encore blessé à deux reprises, laissé pour mort et fait prisonnier le 2 mars 1916 à Douaumont.
Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, c’est encore sur le front du Nord, en Picardie, que s’illustre le Colonel De Gaulle. A la tête de ses blindés, il réussit le 17 mai 1940 à Montcornet l’une des rares contre-attaques de l’armée française et parvient à stopper les forces allemandes à Abbeville. Son poste de commandement est installé au château de Huppy. En prônant la motorisation de l’armée, Charles de Gaulle avait raison. Mais il est trop tard : du côté de Dunkerque, c’est la déroute. L’homme du 18 juin 1940 s’apprête à entrer dans l’Histoire.
La Côte d’Opale et la mer, l’amour des grands espaces qui libèrent la pensée
« J’ai toujours aimé l’immensité de la mer... Il me semble que ma pensée se développe mieux quand mon horizon n’est pas bouché ! » Charles de Gaulle
Charles de Gaulle est un homme des grandes marées. Le biographe Jean Lacouture évoque « un homme de gros temps, celui qu’il a connu sur la plage de Wimereux quand son père Henri de Gaulle, pour y retrouver ses enfants, devait tenir à deux mains son gibus. Un homme des tempêtes qui aura constamment recours, écrivain, aux métaphores maritimes... » Dès l’enfance à Lille, les vacances se passent au bord de la mer, à Malo d’abord où l’on se retrouve dans cette petite maison flamande de Rosendaël, appelée Moederhof.
Charles de Gaulle a un peu plus de six ans quand sa grand-mère Julia loue pour les grandes vacances la villa Les Tilleuls à Wimille. Il s’agit d’une maison boulonnaise typique, située dans la côte du Mont-Cambier, devenue aujourd’hui la rue Léon Sergent. Les journées sont bien remplies : plage le matin, devoir de vacances en début d’après-midi, et le goûter dans une ferme aux alentours « où l’on dégustait un fromage du pays et un peu de pain frais ». Séduits par les majestueux paysages entre Boulogne et le cap Blanc-Nez, la famille passe toutes les vacances suivantes à la villa Saint-Patrick, rue Saint-Maurice à Wimereux, chez l’oncle Jules Maillot et son épouse Julie Dourlers, la marraine du Général ou chez les cousins Watrigant à l’entrée de la rue Jeanne-d’Arc. Le jeune Charles de Gaulle viendra sur la Côte d’Opale tous les étés jusque 1909, année de son entrée à Saint-Cyr. Il aime les bains de mer, le climat vivifiant des plages du nord, les longues balades dans une nature suspendue entre mer et ciel. « J’ai toujours aimé l’immensité de la mer... Il me semble que ma pensée se développe mieux quand mon horizon n’est pas bouché ! », confie-t-il.
Lorsqu’il rencontre Yvonne Vendroux au Salon d’Automne à Paris, Charles de Gaulle se rend compte que sa future épouse a grandi à Coulogne et rue Leveux à Calais, à deux pas des lieux de villégiature de son enfance. Le mariage a lieu dans la cité de la dentelle le 7 avril 1921 à l’église Notre-Dame. Sur la place d’Armes, Charles et Yvonne marchent toujours main dans la main : la statue est inspirée d’une photo du voyage présidentiel de 1959. Parc Richelieu, Charles est aussi statufié aux côtés de Churchill.
Deux années de suite, le couple de jeunes mariés vient en vacances à Wissant, à la villa Antoinette d’abord, puis à la villa Wissantaise ensuite. Charles de Gaulle y rédige une grande partie de son premier ouvrage, Le Fil de l’Epée. Jusqu’à la fin de sa vie, lors de chacun des séjours familiaux à Calais, Charles de Gaulle ira marcher sur les plages entre Sangatte et le Blanc Nez, entre Wissant et le Gris-Nez. En 1969, lors d’un dernier voyage en Irlande, un cliché fait la une de l’actualité : Charles et Yvonne de Gaulle marchent seuls face à la mer. Alors qu’il vient de quitter le pouvoir, le Général marche sur la terre des Mac Cartan, lointains ancêtres de Julia, sa grand-mère de Lille. On se croirait sur une immense plage de la Côte d’Opale... Là où de Gaulle, homme d’action et de réflexion, pouvait, à l’infini, développer sa pensée.
La rénovation de la Maison natale Charles de Gaulle
Accueillant plus de 20 000 visiteurs par an, la Maison natale Charles de Gaulle doit être consolidée et rénovée. Elle a fermé ses portes pour un an, le 4 novembre 2019 pour une campagne de travaux d’envergure. Elle sera inaugurée le 22 novembre 2020 pour le 130e anniversaire de la naissance du Général.Deux objectifs principaux :
conforter la structure de l’habitation en réalisant des travaux d’urgence de mise en sécurité et d’accessibilité
rénover complètement la demeure pour lui redonner son authenticité, en restituant notamment la cuisine, le cabinet de toilette, etc...
La maison, ainsi rénovée telle qu’elle existait au moment de la naissance de Charles de Gaulle, constituera le seul témoignage à Lille d’une maison bourgeoise de la fin du XIXe siècle.
Pour ce programme de rénovation, le plan de financement est complété par une levée de fonds privés, au moyen de mécénat d’entreprise et d’une collecte de dons.
Pour faire un don : https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/maison-natale-charles-de-gaulle-a-lille
Infos pratiques :
- Fondation De Gaulle 5 Rue de Solferino à Paris Tél. 01 44 18 66 77
- L’année De Gaulle dans les Hauts-de-France : www.hautsdefrance.fr/categorie/de-gaulle-2020/
- Maison natale Charles de Gaulle 9 Rue Princesse Tél. 03 59 73 00 30 www.charles-de-gaulle.org/les-lieux-gaulliens/la-maison-natale-charles-de -gaulle/
- Office de Tourisme de Lille Palais Rihour Tél. 0 891 56 20 04
- Office de Tourisme Arras Pays d'Artois Hôtel de ville, Place des Héros Tél. 03 21 51 26 95
- Terre des Deux Caps Tourisme, Place de la mairie à Wissant, tél. 03 21 82 48 00